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24 janvier 2013 4 24 /01 /janvier /2013 16:05


Pleurer de joie

Le chagrin et la joie emplissent la cathédrale jusqu‘en haut de ses voutes.

Fin du Chemin de Saint jacques de Compostelle. L'ultime geste pour les croyants… et les autres, consiste à toucher avec  la main la colonne sacrée du magnifique portique de la cathédrale, comme un nageur qui vient toucher le rebord de la piscine. Les anciens pèlerins, par ce geste séculaire sans cesse répété, ont laissé l'empreinte profonde de leurs doigts dans le marbre où les nouveaux viennent y poser les leurs.

Nous arrivons le jour du jubilé qui a lieu tout les 7 ans pour la St Jacques.
Foule immense dans toute la ville et bien sûr à la cathédrale où la file d'attente pour atteindre le fameux pilier déborde sur la place.

sacrée colonne
le flux riant des pèlerins
s’enroule

De nombreux jeunes Espagnols, partis en groupe de Roncevaux, terminent leur  pèlerinage ce jour là. Leur attente dans la file fait encore partie de leur voyage initiatique. L’émotion qui se dégage de cette vision m’impressionne plus que je ne peux dire : ces jeunes, qui  touchent au but auquel ils ont pensé pendant un mois d'efforts, rient et plaisantent mais, tout à la fois, garçons et filles, pleurent sans  retenue.

flash dans les yeux
rires et larmes sans peine
sans savoir pourquoi

Bien sûr, pleurer de joie ça existe mais cela n'arrive pas souvent dans une vie! J'ai rarement vu une joie aussi pleine mêlée sûrement d'autres sentiments qu'ils sont les seuls à connaître. C'est dans ces rares et brèves visions que l'on envie ceux qui ont la foi.
Aux autres il reste les rêves et la réalité.

sueurs et larmes
là haut dans le tympan
un ange sourit

*

(25/07/1999)

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7 septembre 2012 5 07 /09 /septembre /2012 19:25

(Pour les "spécialistes": Haïbun avec "prose squelettique"!)
*

Atterrissage en douceur


Le but ne vaut que par les chemins qui y conduisent…

jour après jour  
de l’orée à la tombée
toujours marchant

Un des plaisirs du chemin de Saint Jacques se trouve dans les rencontres et les échanges que l'on y fait.
La marche permet de voir et de s'intéresser à tout mais aussi et surtout au détail : la lenteur stimule les sens, la coupure avec le quotidien et ses repères favorise l'ouverture et le partage.
La plupart des contacts sont impromptus et éphémères, ce qui les rend uniques et précieux. 


croix du chemin
plus personne ne la voit
sauf à pied


coups de pied
les cailloux du chemin
s’envolent

Un jeune retraité marche avec moi. Contents de parler, nous évoquons le plaisir de redécouvrir les paysages sonores dont nous prive la vitesse : des voix humaines aux chants des oiseaux, du son apaisant des ruisseaux à celui inquiétant du vent dans les maïs séchés que nous traversons.
 Il me dit qu'il a passé sa vie à piloter des Boeings à 800 km/h aux quatre coins de la terre et que son rêve, qu'il réalise, est de marcher sur cette terre à 5 km/h vers St Jacques de Compostelle ou d’ailleurs… 


 entre ciel et terre
la poussière blonde vole
dans le ciel


sur un petit nuage
à la vitesse des sons
 aller suffit

      A.C. (09/2005)

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28 juin 2012 4 28 /06 /juin /2012 13:05


Il n’y a que les chemins pour calmer la vie... ou l'agiter.

 jour après jour
de l’orée à la tombée
toujours marchant
 

je suis le bruit de mes pas…

au loin les clochers !
Oh ! Santiago ! Santiago !
Santiago…

dernière vue
du chemin : ma joie
dans ses yeux

Arrivée à Compostelle sur la place de la cathédrale, lieu ultime et immuable.

fin du chemin

les deux jeunes pèlerines 

enfin maquillés

Ah ! l’arrivée
en cadeau une boule
dans la gorge

 Un couple s'éloigne : la femme vient d'arriver et, en découvrant son compagnon venu l'attendre, a poussé un hurlement de victoire magnifique et prolongé.

des pèlerins rient
d'autres prient d’autres pleurent...
les mêmes

 

 L'homme devant nous est un récidiviste (comme moi !), il est calme et serein ; la femme avec les bretelles jaunes, qui porte son petit bébé sur son ventre et pousse une poussette, vient à pied d'Allemagne avec son mari ; le couple avec la femme en rouge s’agenouille et, longuement, embrasse le sol (ils viennent de Hollande) ; quatre amis à gauche en vélo se congratulent bruyamment et se photographient dans toutes les configurations possibles ; de jeunes espagnoles bruyamment repoussent la fin de quelques instants et comprennent que c’est pour la vie, comme un premier amour…

marche éclatante…
avant moi sur l'escalier
des millions de pas

place bondée :
la vision des mesetas 
nues
à la place

bien en place
les touristes photographient
l’émotion

sans paroles...
juste les yeux
et les lèvres

un cycliste chauve se cache
pour pleurer
      

 Beaucoup s'assoient ou s'allongent longuement sur les pavés au centre de la place comme des vainqueurs qui n'arrivent plus à quitter le terrain de leurs exploits.

foule à l'arrivée
les vrais pèlerins ont la marque
des chaussettes

en solo
il ’ communie qu’avec
son portable

la pèlerine seule
serre son bâton

L'euphorie dure quelques heures puis viens la cassure du retour (les retours sont parfois plus aventureux que les départs !).
Certains, très peu, refont le chemin au retour comme les anciens pèlerins : lorsqu'on les croise - halés - couverts de poussière, ils ont la noblesse et le sourire de ceux qui savent.

fin du chemin

un couple s'embrasse
comme au début

infinisterre
le chemin mystérieux
vers l’intérieur

les yeux ouverts
rêvant de Santiago
à Saint-Jacques

 Parlé avec deux hommes partis d'Alès avec cinq chevaux et tout leur bivouac : six mois de voyage, 3 aller et 3 retour par la côte ! Ils disent que c'est le voyage de leur vie… Pour tous les autres aussi sûrement.

pas de pluie ce jour
juste à la fin un peu de bruine 
dans les yeux

nuit de juin
arrivé depuis deux jours…
le bruit de mes pas



P1060566s


(Déjà publié dans la revue 575 haïbun.)


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31 janvier 2012 2 31 /01 /janvier /2012 10:00

 

Une ombre dans les courants d’air 
Cet hiver la misère est dans le vent 


la rom dans la rue
rit de rien rit de nous
rire pour vivre
 

la jeune Rom
presque le même foulard
que ma pauvre mère


son foulard rouge
dans le jardin à la française
un coquelicot


Dans le passage où elle "travaille", j’ai du mal à la regarder, question de dignité sans doute… Pas pour elle, pour moi, parce qu’elle est belle avec ses enfants… Mais cette beauté rebelle que vaut elle, que peut elle ?

Assise 
un par un la mendiante
nous juge

tous les visages fermés
seule la mendiante…

sans papier
la jeune Rom parle français
sans accent

On le sait bien qu’elle en rajoute : plus de noir, plus de grimaces,
plus de cinéma…
Mais un jour je l’ai vu pleurer, pour de vrai… Pas simple alors pour chacun de faire semblant : elle de jouer le rôle appris depuis l’enfance, nous celui si facile et si dur de l’indifférence…

plus deux degrés :
la jeune Rom et son bébé
n’en rajoutent pas

femme ou fillette
elle joue à la poupée
avec un bébé

On l’appréciera mieux après, dans le monde virtuel, au cinéma par exemple avec Kusturica ou Tony Gatlif…

mendiants yougos :
on s’attendrit moins
sans la musique

la mendiante mendie
les enfants jouent
les passants passent

 


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27 novembre 2011 7 27 /11 /novembre /2011 15:00

Haïbun    
retour d’estive
les dames admirent les moutons
les bergers les dames

 

Rien de plus émouvant que les transhumances, celles des bêtes… et celles aussi qui leurs ressemblent : les pèlerinages. Elles réveillent en nous l’instinct nomade : le départ en récompense. Je me souviens d’une transhumance ou plutôt d’un pèlerinage ou plus simplement d’une aventure humaine singulière et  bouleversante.

C'est en décembre 78 (1978!) à Paris : à cette époque existe un projet d'extension du camp militaire du Larzac; une longue lutte oppose le pouvoir (Giscard d'Estaing) à toute la mouvance libertaire issue de mai 68 et bien au-delà de toute la gauche, sans oublier... les paysans, principaux concernés.

 L'issue est incertaine (l'immense camp militaire de Canjuers, en Haute-Provence, a été imposé peu de temps auparavant dans l'indifférence générale (sauf Giono presque seul)).
   Le candidat Mitterrand a inclus l'abandon de ce projet dans ses engagements symboliques avec quelques autres dont l'abolition de la peine de mort entre autres (au fait, quelles sont les promesses à forte portée symbolique des candidats actuels?!). 


    Bref, au plus fort de l'affrontement, des bergers du Larzac organisent une marche sur Paris; étant à Paris nous suivons de très prés ces événements concernant notre région et la progression de cette marche. 
    A leur arrivée sur Paris, nous sommes parmi la foule qui les attend sur un boulevard (?) au sud de Paris ; près de nous, Glusckmann (très jeune lui aussi!); beaucoup de CRS également. 

Tout à coup, sur cet immense boulevard complètement dégagé et légèrement bombé vers le fond, apparaissent, comme filmées au téléobjectif et émergeant de la chaussée, les têtes des bergers avec bérets et barbes, le soleil derrière eux... Ensuite, rapidement, le film du souvenir continue avec les corps vêtus de veste en peau de mouton,  puis les têtes des bêtes avec les premières cornes, les plus grandes, celles des béliers et le reste du troupeau... voilà... après tout va trop vite, la foule, les CRS et surtout j'ai oublié...  je ne me souviens que de cette apparition lumineuse dans le lointain... me reste encore la chair de poule et quelques impressions...


boulevard des maréchaux :
émergeant du macadam
des cornes fleuries


ciel gris d’hiver
sur le noir du boulevard
le blanc des moutons

criant pourtant
« des moutons pas des canons »
la fille canon

les border collie
aux moutons, aux paysans
les CRS

flou dans le lointain
déjà avant les lacrimos
les yeux coulent

30 ans après
« c’est pas si souvent qu’on a gagné »
qu’y m’dit

loin du Larzac
le parfum de paix des
crottes de moutons
 

 


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5 novembre 2011 6 05 /11 /novembre /2011 11:27

 

dans le soir
c’est quoi ce noir
oh ! viens voir

noire ébouriffée
la vision bluffante
d’une bufflonne

Evadée d’un mini zoo (
la Bergerie du Faucon), elle vit en liberté dans la montagne depuis un mois environ ; son compagnon étant mort elle cherche un nouveau buffle… qu’elle a du mal à trouver dans la nature en haute Provence.

les yeux si noirs
de la bufflonne en deuil
la nuit attend le jour

Tous les soirs elle passe, à la fraîche,  dire bonsoir et casser quelques bricoles : des fleurs, des légumes, la table où elle se gratte… Bref, la routine.
Elle nous fait peur, on l’adore…

les tomates
pour la mozzarella
et non pour mademoiselle

les fleurs délaissées
du vase cassé

Devant les dégâts constatés, avant de la voir, avant de savoir, on accusait tout le monde : les chevreuils, les sangliers,  les chamois,  les blaireaux… On était déjà dans le noir.
 
bien fraîches
les bouses fabuleuses
de la bufflonne

refaire son circuit
en les suivant

Dans la journée on ne la voit pas, la noire étrange erre dans les bois ; au plus chaud de la journée elle médite et rumine dans son coin perdu.

le jour attend la nuit
penser à son beau brun
unique

Quand on la croise son attirance vers les humains n’a d’égale que sa crainte.

immigrée :
seule au monde
parmi nous

sur le chemin
les touristes nez à mufle
avec l’intruse

pleine lune
un frisson d’effroi pour l’ un
et l’une

pas de fiançailles
pour la dame en noir
de pâles amis 

fin de l’été
la bufflonne étrangère
aux gendarmes

(Eté 2008)

P1040007.jpg

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27 novembre 2010 6 27 /11 /novembre /2010 10:28

 Voler...  
HaÏbun 

      Fin de la première journée de printemps : il fait merveilleux. Revenant de la mer je longe seul, lentement, en voiture, l’étang du Ponant de Palavas-les- Flots… à la radio : « Hotel California »…

Soudain surgissent deux flamants (roses !), très proches, volant près de l’eau, dans le même sens et la même vitesse que moi : ils m’accompagnent un instant le long de la route… derrière eux, le soleil couchant… dehors : l’air marin… dedans : l’air malin avec ma chair de poule et  mes yeux mouillés… une sorte de satori (de grâce !?), simple, inattendu, presque trop violent pour si peu de choses…

Le temps, hélas, ne s’arrête pas…

Retour dans les embouteillages de Montpellier… Tout le temps pour repenser à ces sensations : comment reproduire l’image que la nature imprime en nous dans ces instants extraordinaires, comment traduire tout cela en trois petites lignes alors que j’y parviens si mal en beaucoup plus… Comment combattre la frustration de sentir se dérober la poésie de l’émotion éprouvée à cet instant…  Des tercets dérisoires se forment, tantôt simples, tantôt compliqués, toujours impuissants à recréer ces sensations…

 

ébloui

sur l’étang au soleil

un vol de flamants

 

l’autoradio

nostalgie à fond…

soleils flamants

 

enflammant l’étang

le soleil et les flamants

 

monde flottant

un vol de flamants

relie ciel et eau

 

couleur d’un soir

chercher à la revoir

dans le rétroviseur

 

au couchant

les soleils sur l’étang

volent les flamants

 

Au soleil couchant

Aux flamants et à l’étang roses…

Merci

 

un instant

on oublie le noir...

vol de flamants

 

embouteillage

transvaser lentement

le moment donné

 

flamants sur l’étang

le rose et noir d’une odeur

féminine

 

Je pense à ce travers très répandu de vouloir tout photographier pour capturer, (au détriment bien souvent de l’appréciation « sur le vif »!), comme si l’authentification par la photo était plus forte que sa propre impression  (le souvenir étant souvent plus beau que la réalité !). Et puis, pourquoi vouloir à tout prix recréer, retrouver ses impressions ? Un peu pour les autres, pour partager, revivre avec… (Je repense au premier haïku qui m’a touché et fait aimer cette poésie :

  

Oh ! Une luciole

je voulais crier : « Regarde ! »

mais j’étais seul

Taïgi)

 

Beaucoup pour soi : un besoin d’auto analyse (un peu comme Breton avec ses tournesols dans L’Amour fou), d'une nouvelle illumination, un désir de trouver les causes profondes et inexplicables de l’émotion, de percevoir l’influence du déjà vécu avec l’instant présent et la coïncidence parfaite d’éléments indépendants se rejoignant, de dépasser la distinction illusoire entre le subjectif et l’objectif…

 Ouf !! C’est sûrement plus simple !

 Les flamants naturellement ne se posent pas toutes ces questions… ils sont les réponses.

 

Alors, pourquoi faire des haïkus ?

Pour presque rien, pour s’alléger, pour le plaisir d’écrire, pour flirter en amoureux avec ce qu’on appelle la poésie… Bref, pour vivre… survivre et parfois voler.

 

 

 

 

voler1
André Cayrel

 

(Texte déjà publié dans la revue 575 )

 

 

   

 

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14 octobre 2010 4 14 /10 /octobre /2010 20:13

Il est des lieux pleins de charme
où l’on ne souhaite que passer…

  

Une après-midi glacée passée au cimetière pour repeindre les inscriptions gravées sur la tombe familiale.

  

peinture longue durée
pour concession à perpétuité

  

La personne qui faisait cela depuis longtemps est morte. Le cimetière Saint-Lazare à Montpellier est un paradis perdu dans la ville, mais…

  

froid
dans le cimetière désert
vent du Nord

  

aux tombes de l’entrée
le bruit de la rue
mais le soleil

  

les tombes brillantes
après la pluie

  

un vieux vase
des jolies roses
bien fanées

 

dans le ciel
un merle sur le cyprès
silencieux

 

entre les tombes
un jeune homme
avec des fleurs

 

devant les tombes
un vieux assis sur un banc
de pierre

 

ceux d’en haut
ceux d’en bas…
le chant d’un oiseau

 

les tombes
des soldats musulmans
pour s’orienter

 

vent glacial
les dates et les noms
figés

 

  Écrire à nouveau des prénoms plus ou moins longs plus ou moins oubliés.

 

allongé sur la tombe
repeindre les morts
en outrenoir

 

entre deux dates
penser à leur vie…
à l’autre

 

des vies courtes
concédées à perpette

 

entre néant et néant
beaucoup de passé
peu de reste…

 

Et pourtant leur vie c’est bien autre chose que les histoires cent fois dites ou que le petit tas de secrets qu’on a cru leur voler. Leur vie, unique, n’appartient qu’à eux…

Mais nos morts ne sont qu’à nous : gravés dans la tête plus que dans la pierre.
Image unique idéalisée dans l’ombre au-delà des lettres.

 

une araignée
prise dans la peinture
son tombeau

 

effacé
le père de mon père
ravivé

 

Écrire pour se souvenir : les mêmes lettres sur la pierre, le papier, l’écran, les supports électroniques… Au-delà de notre mémoire, qui prolongera le plus loin le souvenir ?

 

épeler
le prénom de ma mère
jamais dit

 

son nom oublié
de jeune fille avant lui
avant moi

 

en vain plus de temps
plus de soin sur le sien

 

l’allée parallèle aux tombes
le bruit du gravier

 

une ombre passe
sur elles avec moi

 

inoubliable
les yeux d’une jeune femme
effacée

 

En partant, l’impression d’un retour dans le temps

 

dedans dehors
l’illusion de se voir de loin
de se regarder…

 

Est-ce ainsi qu’on apprend à partir content ?

 

 

 

P1040972s.jpg

 

 

 

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12 mai 2010 3 12 /05 /mai /2010 18:10

"O vous, qui êtes en face du vin et qui hésitez à boire,
Pour prendre le plaisir, dites-moi, je vous prie, qui attendez-vous?"
Li Po

 

 

 Quel regard peut porter un amoureux du vin sur la vigne? Presque celui qu'un père porte sur la mère de ses enfants! L'image est folle?! D'autant plus que l'amoureux fou serait alors considéré comme alcoolique! Au fait, qu'est-ce qu'un alcoolique? Celui qui ne peut plus se passer de vin? Mais alors, celui (ou celle) qui ne peut plus se passer des femmes (ou des hommes, ou des deux!) est-il un obsédé sexuel!

J'ai comme circonstance atténuante d'avoir été élevé au jus de la vigne : mon père faisait dans sa campagne à l'extérieur de Montpellier (à présent à l'intérieur, mais il n'y a plus de campagne!) un petit vin (vraiment petit : 9°, raisins foulés aux pieds!) qu'enfant je buvais à table, coupé avec de l'eau, comme la plupart des autres enfants.

   

Je n'ai bu mes premières bonnes bouteilles qu'après 20 ans! Le Languedoc n'était pas la Bourgogne, mais ça a bien changé depuis!

Bien qu'adorant la musique, je ne connais pas de son plus agréable, plus prometteur et plus joyeux que le son d'une bouteille qu'on débouche!


vin en cubi...
attendu en vain
le pop’ du bouchon

  

 Si je n'ai rien contre l'onanisme, en revanche, je n'imagine pas de boire un vin en solitaire!

 Bref c'est peu dire que le spectacle de la vigne et ses promesses m'émeuvent, de celles en terrasses que les hommes ont accrochées sur les pentes des coteaux aux vastes étendues qui s'alignent encore dans la plaine (avant l'arrachage!).

Arrachement…
des vieux ceps de grenache
au blé tout bête

 Du printemps à l'automne ses couleurs symbolisent la vie et explosent au final dans le rouge; mais, c'est en hiver que je la préfère lorsque sans vie, débarrassée de ses charmes, elle dresse ses sculptures, bonzaïs occidentaux, et que je sais qu'elle va renaître.

Mémoire de ma vigne
Si je perds mes racines 
Je suis un désert 



Coupé dans de l’eau 
si trouble si lointain 
le vin de mon père

 

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26 avril 2010 1 26 /04 /avril /2010 11:34

Encore préhistorique
Déjà dans l'histoire de l'art

nourritures sanguinaires
puis spirituelles : renaissance

En voyant dans la grotte de Font de Gaume (Périgord) ces deux célèbres rennes se lécher tendrement, on pense à celui qui les a dessinés il y a 17000 ans et beaucoup de poussières…

 

grotte rupestre:
de la flamme à l'éléc
les dessins inanimés

dans la grotte
deux rennes se font des mamours
comme nous

Ce déjà homme, déjà artiste, devait bien connaitre et pratiquer ces manifestations sentimentales au point de vouloir les reproduire avec une telle vérité; on imagine même son intention de transposer, de suggérer dans l'esprit de cultures à venir… L'évolution naturelle de ces "coups de langues" a donné naissance à nos baisers plus ou moins sauvages… On se dit que dans la chaine de l'évolution les comportements amoureux n'ont pas vraiment changés…

 

d'eux à nous
les baisers
s'enchainent

Je ne vois pas de preuve plus évidente de notre parenté avec cet homme habile et sentimental.


sortant du noir
on révèle au grand jour
la filiation

 

 

 Texte publié dans la revue électronique 575 

 

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