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27 novembre 2011 7 27 /11 /novembre /2011 15:00

Haïbun    
retour d’estive
les dames admirent les moutons
les bergers les dames

 

Rien de plus émouvant que les transhumances, celles des bêtes… et celles aussi qui leurs ressemblent : les pèlerinages. Elles réveillent en nous l’instinct nomade : le départ en récompense. Je me souviens d’une transhumance ou plutôt d’un pèlerinage ou plus simplement d’une aventure humaine singulière et  bouleversante.

C'est en décembre 78 (1978!) à Paris : à cette époque existe un projet d'extension du camp militaire du Larzac; une longue lutte oppose le pouvoir (Giscard d'Estaing) à toute la mouvance libertaire issue de mai 68 et bien au-delà de toute la gauche, sans oublier... les paysans, principaux concernés.

 L'issue est incertaine (l'immense camp militaire de Canjuers, en Haute-Provence, a été imposé peu de temps auparavant dans l'indifférence générale (sauf Giono presque seul)).
   Le candidat Mitterrand a inclus l'abandon de ce projet dans ses engagements symboliques avec quelques autres dont l'abolition de la peine de mort entre autres (au fait, quelles sont les promesses à forte portée symbolique des candidats actuels?!). 


    Bref, au plus fort de l'affrontement, des bergers du Larzac organisent une marche sur Paris; étant à Paris nous suivons de très prés ces événements concernant notre région et la progression de cette marche. 
    A leur arrivée sur Paris, nous sommes parmi la foule qui les attend sur un boulevard (?) au sud de Paris ; près de nous, Glusckmann (très jeune lui aussi!); beaucoup de CRS également. 

Tout à coup, sur cet immense boulevard complètement dégagé et légèrement bombé vers le fond, apparaissent, comme filmées au téléobjectif et émergeant de la chaussée, les têtes des bergers avec bérets et barbes, le soleil derrière eux... Ensuite, rapidement, le film du souvenir continue avec les corps vêtus de veste en peau de mouton,  puis les têtes des bêtes avec les premières cornes, les plus grandes, celles des béliers et le reste du troupeau... voilà... après tout va trop vite, la foule, les CRS et surtout j'ai oublié...  je ne me souviens que de cette apparition lumineuse dans le lointain... me reste encore la chair de poule et quelques impressions...


boulevard des maréchaux :
émergeant du macadam
des cornes fleuries


ciel gris d’hiver
sur le noir du boulevard
le blanc des moutons

criant pourtant
« des moutons pas des canons »
la fille canon

les border collie
aux moutons, aux paysans
les CRS

flou dans le lointain
déjà avant les lacrimos
les yeux coulent

30 ans après
« c’est pas si souvent qu’on a gagné »
qu’y m’dit

loin du Larzac
le parfum de paix des
crottes de moutons
 

 


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commentaires

A
<br /> C'est pourtant vrai!<br />
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Y
<br /> c'ÉTAIT LE BON TEMPS<br />
Répondre