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14 octobre 2010 4 14 /10 /octobre /2010 20:13

Il est des lieux pleins de charme
où l’on ne souhaite que passer…

  

Une après-midi glacée passée au cimetière pour repeindre les inscriptions gravées sur la tombe familiale.

  

peinture longue durée
pour concession à perpétuité

  

La personne qui faisait cela depuis longtemps est morte. Le cimetière Saint-Lazare à Montpellier est un paradis perdu dans la ville, mais…

  

froid
dans le cimetière désert
vent du Nord

  

aux tombes de l’entrée
le bruit de la rue
mais le soleil

  

les tombes brillantes
après la pluie

  

un vieux vase
des jolies roses
bien fanées

 

dans le ciel
un merle sur le cyprès
silencieux

 

entre les tombes
un jeune homme
avec des fleurs

 

devant les tombes
un vieux assis sur un banc
de pierre

 

ceux d’en haut
ceux d’en bas…
le chant d’un oiseau

 

les tombes
des soldats musulmans
pour s’orienter

 

vent glacial
les dates et les noms
figés

 

  Écrire à nouveau des prénoms plus ou moins longs plus ou moins oubliés.

 

allongé sur la tombe
repeindre les morts
en outrenoir

 

entre deux dates
penser à leur vie…
à l’autre

 

des vies courtes
concédées à perpette

 

entre néant et néant
beaucoup de passé
peu de reste…

 

Et pourtant leur vie c’est bien autre chose que les histoires cent fois dites ou que le petit tas de secrets qu’on a cru leur voler. Leur vie, unique, n’appartient qu’à eux…

Mais nos morts ne sont qu’à nous : gravés dans la tête plus que dans la pierre.
Image unique idéalisée dans l’ombre au-delà des lettres.

 

une araignée
prise dans la peinture
son tombeau

 

effacé
le père de mon père
ravivé

 

Écrire pour se souvenir : les mêmes lettres sur la pierre, le papier, l’écran, les supports électroniques… Au-delà de notre mémoire, qui prolongera le plus loin le souvenir ?

 

épeler
le prénom de ma mère
jamais dit

 

son nom oublié
de jeune fille avant lui
avant moi

 

en vain plus de temps
plus de soin sur le sien

 

l’allée parallèle aux tombes
le bruit du gravier

 

une ombre passe
sur elles avec moi

 

inoubliable
les yeux d’une jeune femme
effacée

 

En partant, l’impression d’un retour dans le temps

 

dedans dehors
l’illusion de se voir de loin
de se regarder…

 

Est-ce ainsi qu’on apprend à partir content ?

 

 

 

P1040972s.jpg

 

 

 

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