Aujourd'hui, je pars
Sans souci de ma vie,
Bouclier de l'empereur
(haïku très populaire chez les soldats japonais
de la guerre du Pacifique... ça nous change des grenouilles!)
fin du chemin
arriver à Saint Jacques
le plus lentement possible
Déjà publié en 2010
+
s’ouvre le chemin
de la vie et de la mort
matin d’été
+
Il n’y a qu’une seule psalmodie
C’est la monotonie
Le chemin l’accompagne
prêtes à voler
les pierres du chemin
attendent mes pas
du matin au soir
je suis le bruit de mes pas
et les autres
Sur le chemin
J'ai retrouvé
Des sourires
A partager
sur le chemin
la colonne de fourmis
va dans l'autre sens
Refait encore une fois le Camino (la dernière!?). Cette fois en VTT.
Beaucoup (trop!?) de monde, espagnol bien sûr mais aussi allemand et pas mal de coréens.
Depuis 5 ans le "marché" du Camino s'est adapté: nouvelles infrastructures (auberges, restos, aménagements "paysagers"…) et logistiques (portage des
sacs, arrêts de bus plus nombreux (!) et taxis qui font la navette…), la vraie vie donc. A part ça, en y mettant un peu du sien et de la sienne, la magie fonctionne toujours: quoi de plus
fascinant que la quête et (ou) la migration quelle qu'en soit la raison (nous sommes tous, plus ou moins (!!), des boémiens, des nomades sédentarisés).
Aussi beaux en automne qu'au printemps; aussi dur (si on le fait vraiment) quelle que soit la saison; aussi émouvant quel que soit le sexe, l'âge ou
la motivation du départ.
Buen Camino...
Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les
sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue,
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irais loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la nature, heureux comme avec une femme.
Arthur Rimbaud, 1870.
Chacun la porte...
De la métaphore à la (méta) physique
Le beau chemin, le cher chemin,
inoubliable ami, promesse immense.
(1999)
soleil levant
des ombres en silence
s'entrechoquent
montée du Cébreiro
écouter le rossignol
et son cœur
si long le chemin
si grand le bonheur
menu pèlerin:
rêve et vin à volonté
petit matin
des pochtrons cherchent des poux
aux pèlerines
Apparition
La madone aux collants fluo
précède la procession
Les sphères parfaites
épures de ses fesses
San Bol Printemps 2005
faisant
de la source son âme
sommeille
le bois de San Bol
(Selon Bashô)
les épouvantails
tournés vers le chemin
comme un seul homme
immobiles
les épouvantails fascinent
les pèlerins
dans la vigne
jouant à se faire peur
les épouvantails
un chant d’oiseau :
pas si épouvantables
les épouvantails
trop de pèlerins
ils ne regardent plus
les épouvantails
soleil brulant
personne sur le chemin
juste eux
vendanges mortelles
pour les épouvantails
avant l'arrivée
certains allongent le pas
d'autres pas
chemin en septembre
partir dans l'univers sel
et poivre
dans le gite
les faux pèlerins
ne ronflent pas
vers la fin
des pèlerins aux petits sacs
et gros bâtons
sur
le chemin
beaucoup de vierges
anciennes
foule à l'arrivée
les vrais pèlerins ont la marque
des chaussettes
arrivée
en cadeau une boule
dans la gorge
un cycliste chauve se cache
pour pleurer
arrivée
un couple
s'embrasse
comme au début
de
retour…
mes pneus pleins
de l'air du chemin
de
retour
le vélo garde sa poussière
du camino
Pour info, je viens de faire un livre compilant certains de mes haïkus ou tercets en relation avec les saisons de l'année et de la vie.
De l’impression première à l’impression partagée :
le haïku, fenêtre entr’ouverte sur un petit fait naturel.
Le reflet du pin parasol de la couverture
symbolise la vision du moment haïku :
l’image flottante saisie dans le miroir est éternelle
car unique mais éphémère puisqu’un oiseau, un nuage,
un souffle de vent la transforme à jamais.
Le défi de l’auteur (du haïjin) est d’essayer de traduire
cet instantané, celui du lecteur est de s’approprier
cette vision offerte et de l’interpréter même si elle n’est
qu’une apparence, une pure surface d’images réfléchies
masquant le vide : le poème idéal ne s’achève pas
dans l’écriture mais dans l’esprit de celui qui le lit.
C’est dans cet échange, ces transmutations successives
que peut se glisser la poésie : les lecteurs sont
parfois autant poètes que les auteurs.
***
138 pages
10 € en version papier ou 4,50 € en téléchargement
A commander ici: Lien
***
sous le pin
parasol,
vu souvent ses dessous
jamais son dessus
premier froid
une pensée fugace
pour les piafs
premier froid
un premier frisson
pour la frileuse
premier froid
porter la fourrure
pas pour frimer
premier froid
pas foutu de fermer
la porte fenêtre
premier froid
pourquoi faut il souffrir
pour être ferme
premier froid
peut-être fait elle
un petit feu
premier froid
en profiter pour faire
un pot au feu
premier froid
pourquoi les femmes enfants
sont les plus fortes
premier froid
supporter la fumée
du poêle à fioul
premier froid
pas prêt de finir
de planter le figuier
dernier froid
repenser aux reflets du port
de Portofino
La dentelle est au corps des femmes
Ce que la gentillesse est aux relations
Ce que les larmes sont à l’émotion
Les frissons à la séduction
Le drapeau blanc à la reddition
Ou l’icône à l’adoration…
Et sous certaines conditions
Ce que la poudre est au canon
Et l’orbite à l’attraction
Mais hélas aussi dit on
Ce que la peau est au saucisson
Ou les perles aux cochons...
ce
petit
arbre à
qui je fais
de l’ombre
ne m’en
fe
ra
ja
m
ais
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Un nouveau recueil de Dominique Chipot.
"Lors d'un voyage au Japon en 1904, Paul-Louis Couchoud a étudié les
règles du haïku. Dès son retour en France, il a incité ses amis à en écrire et, en juillet 1905, avec deux d'entre eux, il est parti sur une péniche de Paris à La Charité-sur-Loire, tel un poète
voyageur japonais.
L'auteur vous invite à
porter un regard nouveau sur cette plaquette...."
Très intéressant par le sujet, mais aussi par les infos et les conseils éclairés apportés par Dominique.
Lien: http://dominiquechipot.fr/haikus/essais/couchoud.html
y a quoi
sous sa robe à pois ?
des kigos en trop
y a quoi
sous sa robe à fleurs ?
sa fleur
y a quoi
sous sa burka noire ?
un corps blanc
y a quoi
sous la moitiée nue
son jardin secret
y a quoi
sous son air narquois ?
sa vision de moi
...