Le haïku expression d’une impression et non description.
un monde
flottant entre analyse
et soleil levant
Pour écrire des haïkus une vision
objective et spontanée et une perception concrète de l’environnement naturel et humain tu auras… dirait Maître Yoda...
et transcender la réalité tu devras. Même sans se prendre la tête avec des contraintes trop rigides ou des considérations mystiques ou métaphysiques,
il faut respecter quelques règles, ne serait ce que pour parler un même langage…
Voir par exemple : « Suggestions pour écrire des haïkus » ;
les respecter toutes ne serait pas très réaliste…
n’en respecter aucune le serait encore moins.
En vrac, quelques réflexions personnelles sur la pratique du haïku :
Haïku accompagné ou autonome…
Le défi et la richesse du haïku ou senryû sont en partie liés à la contrainte de traduire en moins de 18
syllabes une sensation, une impression… La tentation est forte de rajouter un commentaire avant ou (et) après pour être sûr d’être bien compris…
Ben voyons ! Notre petit haïku se suffit à lui même : il « fonctionne » ou pas, mais tout seul, comme un grand!
On peut rajouter une indication si l’on fait référence à un fait culturel ou particulier inconnu du lecteur, mais en règle générale, si l’on partage la même culture et les mêmes codes, les sous
entendus, les allusions, les références doivent être comprises (ou interprétées) à demi-mot…
Haïku à pied…
Lorsqu’on est spontanément séduit, ému ou amusé par un haïku ou senryû, on l’est par l’impression, la vision qu’il nous
révèle (l’étincelle !) ; si ensuite, par réflexe, on compte les pieds et que l’on constate qu’il ne respecte pas le 5/7/5 "nippon initial", cela n’enlève rien à notre premier
plaisir. En revanche, un texte sans esprit et sans lumières ne sera pas sauvé par le respect des règles ! Dommage !
Haïku
en lignes...
J’aime bien respecter les 3 lignes et si possible
le
court/ long/ court : c’est le code d’identification visuel le plus évident. Pour la lecture orale on peut imaginer deux lignes matérialisées par la césure. On dit
souvent que les haïkus sont écrits pour être lus oralement; pourtant, plus de 95% des haïkus et de la poésie en général sont visualisés (internet, livres) et bien rarement lu en public.
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J’aime bien aussi, mais là c’est plus un jeu personnel,
réduire au minimum l’ensemble, sans tomber dans le SMS…
L’utilisation (limitée) de verbes (richesse de la langue française !) ou d’adverbes ne me gêne pas ; là encore, leur présence ou leur
absence ne nuise en rien à l’intérêt du texte… sauf à attacher plus d’importance à la lettre qu’à l’esprit... haïku.
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Le senryû est le cousin déluré du haïku ; il ne peut pas s’empêcher d’être ironique et s’intéresse atousantabou, plus d’ailleurs à la nature humaine qu’à la nature tout
court. La différence entre les deux est de moins en moins perceptible (mais qui a influencé l’autre !?)… On parle alors de " haïku urbain " et presque
tout le monde est content
"Le HAIKU veut toujours dire quelque chose.
L'idée que ça ne veut rien dire est une coquetterie de
sectaires précieux. " ( de précieuses ridicules!)
(critique de R.Barthes par J.Sarocchi)
A suivre...