ciel gris
je vois le bleu à travers
tes yeux
*
Maguelone en avril
La jeune vigne vierge
n'est plus nue
*
chemin à l’aube
juste assez de lueur
pour son sourire
*
soirée kukaï
le parfum des merguez envie
l'odeur des femmes
*
le plateau perdu
des milliers d’asphodèles
seules après moi
*
ordre blanc
le rosier attend pour fleurir
la fin du seringa
*
vent de printemps
une robe s’envole
oubliant son rôle
*
premier bain de l’année
la fillette se change
en femme
*
premières chaleurs
les robes sortent
les jambes aussi
*
découvrir la lune
ses jambes fines montent
vers l’inconnu
*
première chaleur
un parfum de femme
redécouverte
*
lunettes noires
les yeux cachés du soleil
pas le reste
*
jour bleu
je vois le ciel à travers
tes yeux
pluie glaciale…
mon insouciance troublée
par son mal
mortel
ce matin
on parle de sa mort très proche…
premiers crocus
odeur d'éther
son dernier regard
de l'autre coté
Bibliothèque de l'hôpital:
"RDV avec la mort"
"Le livre dont vous êtes le héros"
ses yeux caves
si noirs si lointains
si vrais
la peur dans le regard
lui qui n’avait jamais peur
seize heures
en fin l'heure
de sa mort
vingt heures
la famille se recompose
dans la pièce de vie
voir un instant
ses yeux ses lèvres fermés
pour toujours
la vie partie
la revivre
seul
ciel bleu d'hiver:
soleil sur les fleurs coupées
et la tombe
devant lui
ne pas penser à ce qui est
devant nous
vive la marée !
sa robe blanche d’écume
affole les hommes
*
premier avril:
plus de faux poissons
que de vraies abeilles
*
mistral mesuré
la robe s’élève
juste aux dessous
*
trois tombes fraiches
le vieux cimetière
revit
*
premières feuilles
au sol leurs jeunes ombres
s’agitent déjà
*
vent pour Pâques
les pétales ressuscités
en pâquerettes
*
printemps
une femme sent déjà
l’été
*
printanière
à l’instant une femme
l’été
*
saison bénie…
peut être encore vierge
déjà pleine de grâce
*
jardin abandonné
le cerisier en fleurs
je l’adopte
*
Cinq heure du mat’
Un oiseau chante à tue tête
la vie est belle
*
avant de vieillir
elle met une robe
d’ été d’avant
*
pressant le pas
ses seins sautent sans cesse
et dans tous mes sens
*
dans la vitrine:
un monokini sans rien
dedans ni dehors
*
frottant ses bras
la mouche sur le mien
m'ignore
chemin de rando
le soleil est toujours plus beau
quand on part
Sur le chemin
devant derrière des pèlerins
au dessus le ciel
pâquerettes en fleurs
le temps du blanc retrouvé
des jeunes filles
est ce le printemps
il y a un je ne sais quoi
brillant dans leurs yeux
printemps grisonnant
hommes et femmes s’en mêlent
pour le colorier
la vie est belle
l'abeille est bien là
à bécoter l'abricotier
bruine de printemps
l’abricotier y mêle
des confettis blancs
grande marée
ses yeux bleus dans le vague
débordent
printemps
un à un sans bruit
s’ouvrent les boutons
premiers boutons :
c'est son premier printemps
en tant que princesse
printemps en ville :
des robes à fleur de peau
des champs de vision
nouveau printemps
se sentir jeune
et vieux