C’est un peu « cliché », mais on compare souvent le haïku avec des instantanés photographiques : Henri Cartier Bresson
était celui qui était le plus proche de ce regard (cette école ?)
« L'œil du siècle :
En reportage photographique, il invente le regard.
Objectif mais attentif et discret. Ses propos sur le reportage
pourraient aussi bien s'appliquer à l'écriture du haïku. Le haïku par son regard, c'est la vie qui court avec ses joies, ses peines, ses
drames, ses instants comiques. Loin des théories compassées, du comptage sur les doigts, de l'imitation des anciens, des règles étriquées, des images forcées, des photo-montages... »
Préface du livre d'Henri Cartier-Bresson "L'imaginaire d'après nature"
pp 19-22 (Fata Morgana, 1996, ISBN 2.85194.423.1)
“La photographie est un couperet qui dans l'éternité saisit l'instant présent qui l'a éblouie.
La photographie "fabriquée" ou mise en scène ne me concerne pas...
L'appareil photographique est pour moi un carnet de croquis, l'instrument de l'intuition et de la spontanéité, le maître de
l'instant qui, en termes visuels, questionne et décide à la fois. Pour signifier le monde, il faut se sentir impliqué dans ce que l'on découpe à travers le viseur. Cette attitude exige de la
concentration, de la sensibilité, un sens de la géométrie. C'est par une économie de moyen et surtout un oubli de soi-même que l'on arrive à la simplicité d'expression…
Photographier : c'est retenir son souffle quand toutes nos facultés convergent pour capter la réalité fuyante ; c'est alors que la saisie d'une image est d'une grande joie physique et
intellectuelle.
Photographier : c'est dans un même instant et une fraction de seconde reconnaître un fait et l'organisation rigoureuse des formes perçues visuellement qui expriment et signifient ce fait…
Ma passion n'a jamais été pour la photographie en elle-même, mais pour la possibilité en s'oubliant soi-même, d'enregistrer dans une fraction de seconde l'émotion procurée par le sujet et la
beauté de la forme… ”
H.C.B.